La quête d'Amy - Naomi Ajavon

22 décembre 2014 (Publié chez les Editions de la Rémanence)


" Élevée par sa grand-mère paternelle d’origine ghanéenne, Amy n’avait manqué de rien… l’adolescente avait joui d’un privilège qui, jusque-là encore, n’était réservé qu’à quelques élites : celui d’avoir son père en Occident. Elle n’aurait dû rejoindre ce dernier qu’une fois son Brevet d’Études de Premier Cycle en poche, afin de poursuivre ses études dans l’une des écoles les plus renommées de France. "

    Amy est une jeune togolaise qui vient rejoindre son père et sa belle-mère en France suite au décès de celle qui l’a élevée : Dada. Brillante élève, elle se lance dans des études littéraires et s’adapte facilement à sa nouvelle vie en métropole. Mais dans cette vie où son père décide tout pour elle et est très possessif, Amy rêve d’indépendance, du véritable amour mais aussi de fuir cette image de fille facile que sa famille a d’elle.


" Elle était loin d’imaginer que son destin allait définitivement basculer, en apercevant, quelques jours après le début des cours, ce jeune homme descendre du tramway, au terminus « Universités » "

Mon avis 


    Lorsqu’elle rencontre Johan, jeune togolais lui aussi, elle pense avoir trouvé celui qui pourrait lui faire découvrir l’amour. Mais comme sa famille semble le penser, Johan ne cherche-t-il pas, lui aussi, à profiter d’elle afin de régulariser sa situation ? Amy, agacée par cette situation et surtout par ce père qui ne supporte pas de la voir fréquenter un homme malgré sa majorité, décide de se battre pour pouvoir quitter l’appartement familial et s’installer dans un petit cocon à elle, où elle pourra vivre sa vie comme tous les jeunes de son âge. Une grande aventure humaine commence, où se mêlent l’amour, l’espoir, la déception, les rires et les larmes, à travers ce qui nous semble être une biographie, l’histoire d’une vie et d’une jeune femme déterminée.


            Pourquoi lire « La quête d’Amy » ?


    « La quête d’Amy » est un roman qui nous plonge entièrement dans la vie d’Amy, cette jeune étudiante togolaise. On la suit tout au long de son histoire. La façon dont c’est écrit m’a fait penser à une biographie tant le lien qui nous unit avec le personnage est puissant. On peut facilement s’attacher au personnage, compatir à ses malheurs, avoir envie de l’encourager dans ses démarches.

    On voit Amy évoluer, on découvre sa volonté, ce qui lui arrive de bien, les trahisons… Naomi Ajavon a su mettre un certain nombre de rebondissements dans son roman ce qui fait qu’il se lit facilement. Son style est simple, rapide, efficace donc. Les dialogues sont bien construits et le récit plutôt bien équilibré.

    Un point intéressant est aussi d’être immergé dans la culture togolaise, avec ses traditions. Comme le fait qu’Amy passe pour une fille facile pour avoir perdu sa virginité avant le mariage. Mais on découvre surtout la triste réalité qui entoure quelque fois l’immigration. Et notamment dans la notion de mariages arrangés afin d’obtenir les papiers ou la nationalité française. On se retrouve donc plongé dans ce monde que nous connaissons peu, ou plutôt que nous avons oublié. Ce roman est là comme pour nous rappeler que cela existe toujours, et brise des vies. Mais surtout que certaines personnes ont  la force de se relever après ce genre d’épreuves. C’est également une ode à la force de caractère, à la volonté de s’en sortir malgré tout.


            Les ombres du roman ?


    « La quête d’Amy » ne m’a pas réellement entraînée. Je ne dis pas que c’est un mauvais roman, loin de là, car il a beaucoup de qualités. Mais pour être tout à fait honnête, je ne suis pas une grande adepte des romans dits « contemporains ». Pourtant il m’a quand même fait voyager donc c’est que c’est un bon roman dans son genre, ça je ne peux le nier. Je vais donc vous donner les points négatifs en restant la plus objective possible.

   Pour commencer, je dirais que certaines actions, certains moments de l’histoire sont décrits un peu trop rapidement. Il y a quelques fois où cela m’a même frustrée car  davantage d’émotions auraient rendu ce roman réaliste un peu plus touchant. J’aurais voulu en savoir plus sur ce qu’Amy ressentait ou comment elle vivait les choses qui lui arrivaient. Je dirais que c’est le seul vrai bémol qui m’a un peu chagrinée à la lecture, mais j’ai bien conscience que beaucoup de lecteurs préfèrent quand on ne s’étale pas trop sur le ressenti ou les descriptions.

    Ce qui m’a un peu dérangé, c’est qu’on fait souvent des bonds dans le temps, et certaines fois, de quelques années. Cela m’a un peu ralentie dans ma lecture, le temps que je m’habitue, car, au début, j’avais du mal à me resituer. Au final, on s’y fait et, surtout, c’était un choix judicieux pour recouvrir toute l’histoire d’Amy.


Je conseille vivement ce roman pour les lecteurs de romans contemporains, car il est plein de vie et nous plonge directement dans l’histoire d’une jeune Togolaise qui va devoir se battre pour vivre sa vie comme elle l’entend et connaître enfin l’amour.

Lilou


L'interview de Naomi Ajavon :

Comme Amy, vous êtes originaire de la République togolaise. « La quête d’Amy » est-il inspiré de faits réels ? Dans le cas contraire, qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?


En effet, mes origines togolaises ont été une grande source d’inspiration. Les lieux cités, par exemple, existent bel et bien, une manière de faire connaître ce pays qui m’est cher. La Quête d’Amy est inspiré de faits réels, de ces choses dont tout le monde parle, et qui malheureusement, à la longue, deviennent tellement banales que l’on oublie qu’elles détruisent des vies humaines. C’était l’occasion de l’écrire noir sur blanc, un cri d’alarme en quelque sorte, pour dire STOP.

Pourriez-vous nous raconter un peu votre parcours, de la phase d’écriture à l’édition ?


C’est l’aspect quasi magique de l’existence de ce livre. En parler sans l’évocation d’Aurore Py, l’auteure du roman, Les fruits de l’arrière-saison, serait inconcevable. Certes, bien avant la création de la plateforme La Croisée des Plumes, un site que j’ai consacré à la littérature togolaise, j’avais des bribes de La Quête d’Amy, enfouies ici et là. Ma rencontre avec Aurore sur un forum d’écriture et du fait qu’elle ait consacré tout son temps à la correction de la Quête a été tout simplement extraordinaire. Je ne saurai jamais la remercier assez.
Quant à l’édition, j’ai plutôt ciblé les maisons d’édition qui avaient une ligne éditoriale correspondant au thème de mon roman, et je n’ai pas été déçue.


Comment ce premier roman a-t-il été reçu dans les premiers mois qui ont suivi sa publication ?


Bien. Très bien même. Je voulais un roman « métissé », je voulais que mes écrits soient compris par le monde entier même avec les expressions typiquement togolaises incluses et j’ai réussi, je pense. Reste à exaucer les vœux de ceux et celles qui attendent la version anglaise.

Beaucoup, tout en me réclamant une suite pour la Quête, se retrouvent en Amy et j’avoue que les messages de félicitations reçus pour ce premier roman m’encouragent à poursuivre l’écriture qui, dans mon cas, semble thérapeutique pour le lecteur.  Un de mes souhaits, cette année, est que mes écrits continuent de transmettre l’émotion, qu’ils fassent pleurer, rire, et plus encore, donner de l’espoir à quiconque en attendrait parler.

Avez-vous un petit rituel d’écriture ?


Tôt le matin, au premier chant du coq (rires) ! J’aime le calme qui règne à l’aube. Je me sens apaisée et plus disponible à retranscrire mes pensées. Une habitude datant de mes périodes estudiantines, j’assimilais mieux après une bonne nuit de sommeil.

Un nouveau projet en préparation ?


Oui, un deuxième roman qui me demande plus d’énergie que je ne l’imaginais…


Qu’est-ce qui vous semble être indispensable pour faire un bon roman et surtout, pour captiver les lecteurs ?

Je pense qu’un bon roman doit être écrit avec du cœur. Un roman qui ne traduit aucune émotion ne peut captiver son lecteur.


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