3096 jours - Natascha Kampusch


21 mai 2014 




" J’ai tenté de crier. Mais il ne sortait pas un son de ma gorge. Mes cordes vocales ne fonctionnaient pas. Tout en moi n’était qu’un cri. Un cri muet que personne ne pouvait entendre. "
  Alors que Natascha Kampusch, une petite Autrichienne de dix ans, se rends pour la première fois à l’école à pied, elle croise une camionnette et un monsieur à l’air étrange sur son trajet. Surmontant sa peur déclenchée par les nombreux enlèvements ayant lieu à cette époque, elle finit par passer devant lui. Il aura suffi d’une fois pour que sa vie bascule. Commence alors pour la petite fille un calvaire de 3096 jours, huit ans et demi, entre les mains de son bourreau, Wolfgang Priklopil. Huit ans et demi au bout desquels elle va réussir à s’échapper. Quatre années après la fin de sa détention, Natascha Kampusch nous raconte ce qu’elle a vécu pendant sa captivité, mais également après, lorsqu’elle a dû surmonter la sur-médiatisation et la redécouverte de ce monde qu’elle avait appris à craindre.

 Mon avis
Le récit d’une enfance volée…
    Les histoires vraies laissent généralement une sensation de gêne, de mal-être. Il est toujours plus difficile d’imaginer que ces événements ce sont bien passés, que tout est réel et que ce genre de criminels courent les rues. Dans son livre, Natascha Kampusch nous raconte ce qu’elle a subi après son enlèvement, d’abord avec ses yeux d’enfants puis avec ceux de la jeune femme qu’elle est devenue. Alors qu’elle décrit avec précision certains faits notamment de maltraitance physique et mentale, elle reste évasive sur d’autres qui concernent son intimité profonde et donc d’éventuels abus sexuels. Suite à sa libération, elle a souvent été interrogée sur ce point mais elle a, à chaque reprise, rétorqué que cela ne regardait personne. Ce livre est aussi beau qu’insoutenable. Il nous montre à quel point l’innocence de l’enfance s’accroche quand on essaye de la briser. Il nous fait vivre un enfer impossible à croire. Au fil des chapitres, on se retrouve partagé entre la tristesse, la haine, la compassion et l’admiration. Quelques heures de lectures seulement, et on se retrouve bouleversé, on prend conscience que le monde est truffé de danger et que malgré les idées reçues, ce genre de choses n’arrivent pas qu’aux autres.
Pourquoi lire « 3096 jours » ?
    Le point fort de ce livre est l’histoire. Il ne faut pas se lancer dans la lecture de ce livre en pensant se divertir mais en prenant conscience que tout ce qui va suivre est réel. Dès que l’histoire commence, dès les premières phrases, on se retrouve spectateur d’un drame que l’on découvre avec un respect grandissant au fur et à mesure du récit. Le fait de lire le contexte de la disparition, mais également les épreuves qu’elle a connu après s’être enfuie, on découvre l’histoire d’un point de vue totalement différent. Nous avons certainement tous entendu parler de cette affaire par l’intermédiaire des médias, mais à aucun moment nous n’avons réellement su ce que Natascha pensait ou ressentait à ce moment-là. Suite au décès de son bourreau, elle avait insisté pour assister à son enterrement, ce qui avait tout de suite porté le mot « Syndrome de Stockholm » sur toutes les bouches. Elle qui n’avait pas eu de contact concret avec le monde depuis plus de huit ans, se retrouve propulsé dans un monde sauvage de harcèlement et de curiosité. Elle nous explique ses convictions les plus profondes ainsi que son avis sur ce qui lui est arrivé après avoir pris du recul. En bref, c’est un roman émouvant et empli de leçons de vie et de courage.
Les ombres du récit ?
    Ici encore, je n’aurais qu’un point à souligner : le temps. Malheureusement, ceux-ci sont quelques fois incohérents dans le récit. En effet, on trouve certains flash-back qui sont racontés au présent et il est difficile de distinguer quelques fois le récit principal des retours en arrière. Peut-être est-ce dû à une mauvaise traduction de l’allemand ou à l’écriture en elle-même.
    Une histoire vraie troublante, touchante et émouvante. Une preuve d’un courage indescriptible et de la folie humaine. Ce roman est bouleversant mais incontournable à mon avis, ne serait-ce que pour rendre hommage à cette jeune femme afin que sa terrible histoire ne tombe jamais dans l’oubli.

Lilou 

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